Musée CERNUSCHI – Paris
07 octobre 2016 – 26 février 2017
Je me suis laissée séduire. Fascinant, Walasse Ting ne peut laisser indifférent. Pourquoi « le voleur de fleurs » ?
Artiste américain d’origine chinoise, Ding Xiongquan (1928 – 2010) est né dans la province de Jiangsu, proche de Shangaï. Sa jeunesse est imprégnée à la fois des traditions artistiques rurales et de l’influence urbaine moderniste de la métropole.
C’est dans les années 50 que Ding choisit un prénom occidental suivi d’un patronyme chinois, – pratique courante dans la diaspora chinoise -. Il se fait appeler « Walasse », prénom qu’il substitue à celui de Xiongquan, qui a pour signification « source virile », un nom somme toute prédestiné puisque toute son oeuvre sera teintée d’érotisme, et « Ting » en écho symbolique au nom de Matisse dont il est grand admirateur.
Lors de sa première exposition à Paris, il est connu sous le nom de « Walasse« . C’est au cours des années 60, alors qu’il poursuit son travail à New-York, qu’il adopte un pseudonyme à consonance poétique et devient « le voleur de fleurs » dont il signe ensuite nombre de ses oeuvres. En se réappropriant cette ancienne coutume de lettrés chinois, Walasse Ting acquiert une double identité, inhabituelle pour un artiste chinois de sa génération vivant en Occident.
Le travail de Walasse Ting se fait remarquer dans ses calligraphies abstraites à l’encre noire ou avec de la peinture jetée sur un papier de fond neutre, à coups de brosse rapides et amples, libres et spontanés et d’éclaboussures ou que définit une ligne pure et qui engage le corps entier dans l’acte de créer, à la manière de l’Expressionnisme Abstrait ou « Action painting« .
Au fil des années, il s’implique dans des oeuvres éditoriales collectives (« One Cent Life »), constitue des groupes d’improvisation à deux, quatre voire plus de mains et donne ainsi naissance à une nouvelle entité créative, telle « Aleching » (pour Alechinsky et Ting), caractéristique de la sociabilité des peintres de la tradition antique en Chine.
Peintre de la transgression et poète, Walasse Ting introduit dans ses toiles des éléments issus de références classiques en Chine: oiseaux, pivoines et pruniers en fleurs, papillons, libellules, chevaux et personnages.
Dans les années 70, l’essentiel de sa production est réorienté en faveur de peintures monochromes ou multicolores, avec ses « Pop » beauties ou Vénus, femmes nonchalantes et lascives au teint laiteux sous leur sombre chevelure et qui rappellent le théâtre chinois.
Après 1986, retour à Matisse, le grand maître de l’avant-garde en Europe. Walasse Ting peint désormais ses modèles dans un cadre, mêlant des scénettes qui elles-mêmes ouvrent sur d’autres tableaux. Les toiles intègrent les thèmes et motifs favoris du peintre, d’une qualité décorative évidente, jouant de couleurs vives posées en aplats.
La beauté est exprimée dans toute sa sérénité et jubilation.